L’intervention précoce en autisme, Le Modèle de Denver pour jeunes enfants

Sally J. ROGERS ET Geraldin DAWSON (2013), Dunod, Paris

L’autisme stresse beaucoup plus les familles que ne le font beaucoup d’autres troubles du développement ( Schieve, blumberg, Rice, Visser et Boyle, 2007). Les éléments stressants incluent le processus diagnostique
Qui est lent et qui comporte de fréquentes contradictions, la trajectoire de développement irrégulière et ingabituelle, l’alternance entre espoir et pessimisme, la tendance à interpréter les contradictions de l’enfant comme un refus plus qu’une incapacité, le manque de communication et d’affection partagées par les enfants, le contraste entre l’apparence ordinaire des enfants et leurs comportements très atypiques, les manifestations comportementales embarrassantes des enfants en public, un plus grand nombre d’inquiétudes parentales par rapport à la maladie mentale, le nombre de professionnels avec lesquels les parents doivent maintenir des relations, le barrage constant des nouveaux traitements à la mode, et la pression des autres parents pour essayer encore une autre thérapie (Marcus, Kunce et Shcopler, 2005).

L’intervention précoce en autisme, Le Modèle de Denver pour jeunes enfants, page 94.

De nouveaux résultats indiquent également qu’au fur et à mesure que les parents deviennent plus sensibles aux intérêts et à la communication sociale de leur enfant et améliorent leurs capacités de réponse ajustée, les rythmes de développement du langage, des fonctions cognitives, et de la communication sociale de l’enfant s’accélèrent ( Mahoney et Perales, 2005; Drew et al. 2002; Vismara et Rogers, 2008).
Cela signifie-t-il que les parents d’enfants atteints d’autisme sont moins sensibles ou réceptifs que les autres ? Non. De nombreuses études ont posé cette question et eues sont arrivées à la conclusion que les parents d’enfants avec autisme interagissent avec leurs enfants de manière similaire aux autres parents ( van IJzendoorn et al, 2007; Capps et al., 1994; Kasari, Sigman et Yirmiya, 1993).
Cependant, en tant que groupe, les enfants atteints d’autisme sont différents des autres enfants dans leurs interactions avec leurs parents. Les jeunes enfants atteints d’autisme ne prennent généralement pas l’initiative d’interagir avec leurs parents. Ils n’ont pas tendance à diriger la communication vers eux, et ne cherchent pas à partager leurs émotions avec eux. Fréquemment, ils n’expriment pas clairement leurs émotions par le visage ou par le corps. Ils présentent souvent un développement leur du langage et des gestes, et même lorsqu’ils possèdent ces moyens de communication, ils les utilisent rarement pour partager leurs propres expériences avec leurs parents (Kasari, Sigman, Yirmiya, et Mundy, 1994). Par conséquent, bien que leurs parent fassent leur part du travail pour interagir avec leurs enfants, ceux-ci ne font pas le leur lorsqu’il s’agit de prendre l’initiative des interactions avec leurs parents et de les maintenir. De ce fait, le nombre d’interactions qui se produisent entre les parents et les enfants est radicalement appauvri ainsi que le contenu communicatif de ces interactions, ce qui limite les opportunités d’apprentissage pour les enfants, et qui réduit les opportunités pour les parents de répondre de manière sensible et réceptive aux signaux des enfants, et limite les retours positifs aux parents ( renforcements !) Leur indiquant que leurs interactions ont été réussies.

L’intervention précoce en autisme, Le Modèle de Denver pour jeunes enfants